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La viticulture biologique en France

 

La viticulture biologique connaît un véritable essor en France ces dernières années. De plus en plus de domaines viticoles se tournent vers ce mode de production respectueux de l'environnement. Zoom sur les spécificités de la viticulture bio et son développement dans l'hexagone. 

 

Qu'est-ce que la viticulture biologique ?

La viticulture biologique est une méthode de culture de la vigne qui exclut l'utilisation de produits chimiques de synthèse (pesticides, engrais, désherbants...). Elle privilégie au contraire les techniques naturelles et les traitements à base de substances d'origine végétale, animale ou minérale. L'objectif est de préserver l'équilibre de la vigne et la biodiversité, tout en produisant des raisins et des vins de qualité. Les viticulteurs bio cherchent à favoriser la vie des sols, la pérennité des espèces végétales et animales, ainsi que les écosystèmes naturels de leur terroir. En France, la viticulture biologique est encadrée par une réglementation européenne stricte.

Depuis 2012, le règlement européen CE 203/2012 définit les règles spécifiques pour la production de vin biologique, en complément du règlement général sur l'agriculture bio CE 834/2007.Pour avoir le droit d'utiliser la mention "vin biologique" et le label bio européen, les viticulteurs doivent respecter un cahier des charges précis, qui couvre à la fois les pratiques à la vigne (viticulture) et les procédés de vinification. Des contrôles réguliers sont effectués par des organismes certificateurs agréés. En 2021, le vignoble bio français représentait 137 488 hectares, soit 17% des surfaces viticoles nationales. C'est 2,5 fois plus qu'il y a 10 ans ! Cette dynamique de conversion bio se poursuit, avec 37% de surfaces en plus entre 2019 et 2021 selon l'Agence Bio. Les principales régions viticoles bio sont :

  • L'Occitanie (Languedoc, Sud-Ouest) : 33% des surfaces

  • PACA (Provence, Côtes du Rhône) : 22%

  • Nouvelle Aquitaine (Bordeaux) : 20%

  • Auvergne-Rhône-Alpes (Beaujolais) : 7%

Comment entretenir les sols en viticulture biologique ?

L'entretien des sols est un enjeu majeur en viticulture biologique. Il vise à préserver la fertilité et la vie biologique des sols, tout en maîtrisant le développement des adventices (mauvaises herbes) sans recourir aux herbicides de synthèse. Plusieurs techniques sont utilisées par les vignerons bio pour entretenir leurs sols :

  • Le travail mécanique superficiel (labour, griffage, hersage...) pour contrôler les adventices et aérer les sols. Il doit rester léger pour ne pas perturber l'activité biologique.

  • L'enherbement naturel ou semé dans les inter-rangs. Un couvert végétal permanent ou temporaire permet de structurer le sol, d'apporter de la matière organique, de limiter l'érosion et d'héberger des auxiliaires. Il est fauché ou broyé régulièrement.

  • Les apports de matières organiques compostées (fumier, compost végétal, BRF...) pour nourrir le sol et stimuler son activité biologique. Ils doivent être raisonnés en fonction des besoins de la vigne.

  • Le paillage du rang ou de l'inter-rang avec des matériaux biodégradables (paille, copeaux de bois, écorces broyées...) pour limiter la pousse des adventices et conserver l'humidité du sol.

  • Le choix des techniques d'entretien dépend du type de sol, de la pente, du climat et des objectifs du vigneron. L'enjeu est de trouver le bon équilibre entre le travail mécanique, l'enherbement et les apports organiques, afin d'optimiser la vigueur de la vigne et la qualité des raisins. Comparé à la viticulture conventionnelle, l'entretien des sols en bio demande plus de temps et de main d'œuvre. Mais il permet de préserver la biodiversité et la santé des sols à long terme. C'est un investissement pour l'avenir du vignoble et la typicité des vins de terroir.

     

Techniques d'entretien des sols

Avantages

Inconvénients

Travail mécanique

Contrôle des adventices, aération du sol

Risque de compaction et d'érosion si trop intensif

Enherbement

Structuration du sol, apport de matière organique, limitation de l'érosion

Concurrence hydro-azotée possible avec la vigne

Apports organiques

Nourrissage du sol, stimulation de l'activité biologique

Coût, disponibilité, risque de lessivage si excès

Paillage

Limitation des adventices, conservation de l'humidité

Coût, main d'œuvre, dégradation à gérer

 

Comment protéger la vigne en bio ?

 

En viticulture biologique, la protection du vignoble contre les maladies et les ravageurs repose sur une approche globale et préventive. L'objectif est de renforcer les défenses naturelles de la vigne plutôt que de traiter systématiquement. Voici les principales méthodes utilisées :

  • Le choix de cépages résistants et de porte-greffes adaptés au terroir

  • Une densité de plantation raisonnée pour favoriser l'aération

  • Une taille équilibrée pour maîtriser la vigueur et le rendement

  • L'ébourgeonnage, l'épamprage, l'effeuillage et le rognage pour aérer les grappes

  • L'enherbement pour réguler la vigueur et la porosité du sol

  • Des apports modérés en fertilisants organiques pour éviter les excès de vigueur

  • L'utilisation de préparations naturelles : tisanes, décoctions, purins de plantes...

  • Si nécessaire, des traitements à base de cuivre et de soufre, seules matières actives autorisées contre les maladies cryptogamiques (mildiou, oïdium, black rot...)

  • La confusion sexuelle ou les pièges à phéromones contre les insectes ravageurs (eudémis, cochylis...)

  • L'installation de haies, de nichoirs, la préservation des zones refuges pour favoriser les prédateurs naturels (oiseaux, chauves-souris...)

La protection biologique demande une observation régulière de la vigne et une intervention au bon moment. Les traitements sont raisonnés en fonction de la pression sanitaire et des conditions météo. Ils restent ponctuels et ne sont appliqués qu'en dernier recours. Malgré ces précautions, les rendements en bio sont souvent plus faibles qu'en conventionnel, car la vigne est plus exposée aux aléas climatiques et sanitaires. Mais cette conduite moins interventionniste permet d'obtenir des raisins plus sains, plus concentrés, qui donnent des vins avec plus de fruit et de fraîcheur. En conclusion, la viticulture biologique connaît un véritable boom en France, porté par l'engouement des consommateurs pour des vins plus naturels et respectueux de l'environnement. 

Malgré des contraintes techniques et des coûts de production plus élevés, de plus en plus de vignerons font le choix de la conversion bio. Une tendance qui devrait encore s'accentuer dans les années à venir, pour répondre aux attentes sociétales et aux enjeux du changement climatique.

Comment lutter contre les maladies en viticulture biologique ?

 

La gestion des ravageurs en viticulture biologique s'appuie sur la lutte biologique et l'utilisation de produits de biocontrôle. L'objectif est de réguler les populations d'insectes nuisibles en favorisant leurs prédateurs naturels et en perturbant leur cycle de développement, tout en préservant la biodiversité du vignoble. Contre les tordeuses de la grappe (eudémis, cochylis), principales responsables des dégâts sur les baies, plusieurs méthodes sont employées :

  • La confusion sexuelle : des diffuseurs de phéromones sont installés dans les parcelles pour désorienter les mâles et limiter les accouplements. Cette technique permet de réduire significativement les populations, avec une efficacité de 80% par rapport à une absence de traitement.

  • Les Bacillus thuringiensis : ces bactéries produisent une toxine létale pour les chenilles des tordeuses. Appliquées au bon stade, elles offrent une efficacité de plus de 50%.

  • Les trichogrammes : ces micro-guêpes sont des parasitoïdes naturels des œufs de tordeuses. Lâchés préventivement, ils peuvent détruire jusqu'à 40% des pontes.

Pour lutter contre les cicadelles, comme la cicadelle verte ou la cicadelle de la flavescence dorée, les viticulteurs bio pulvérisent de l'argile kaolinite calcinée. Ce produit de biocontrôle agit comme une barrière physique perturbant le comportement des larves. Son efficacité moyenne atteint 50% de réduction des dégâts de grillure. D'autres ravageurs secondaires, comme les acariens, les cochenilles ou les thrips, sont régulés grâce à des lâchers d'auxiliaires (typhlodromes, coccinelles) ou des applications d'huiles végétales. L'enherbement des inter-rangs et la présence de haies diversifiées aux abords des parcelles favorisent aussi les populations de prédateurs naturels.

Ravageur

Méthode de lutte

Efficacité moyenne

Tordeuses

Confusion sexuelle

80% / témoin non traité

Tordeuses

Bacillus thuringiensis

> 50%

Tordeuses

Trichogrammes

40% sur les pontes

Cicadelles

Argile kaolinite

50% de réduction des dégâts

La réussite de la lutte biologique repose sur une surveillance régulière des parcelles et une intervention au bon moment, en fonction des seuils de nuisibilité. Elle nécessite une bonne connaissance de la biologie des ravageurs et de leurs auxiliaires, ainsi qu'une formation spécifique des viticulteurs. Des outils d'aide à la décision, comme les modèles de prévision des risques ou les bulletins de santé du végétal, permettent d'optimiser le positionnement des lâchers et des traitements. 

La mutualisation des moyens de lutte à l'échelle d'un vignoble ou d'une appellation renforce aussi l'efficacité globale de la protection. En complément, des mesures prophylactiques sont mises en œuvre pour limiter les populations de ravageurs : choix de plants sains, élimination des bois de taille contaminés, gestion de la vigueur par le travail du sol et la fertilisation organique raisonnée. Bien que parfois plus complexe et chronophage, la lutte biologique offre une alternative efficace et durable aux insecticides de synthèse. Elle permet aux vignerons bio de protéger leurs vignes dans le respect de l'environnement et de produire des raisins sains, exprimant pleinement la typicité de leur terroir.

 

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